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LES RÉCIFS CORALLIENS
Suite...
On a vu la situation vraiment
préoccupante des récifs coralliens dans le monde, maintenant voyons un peu
l'écologie de ce biotope si particulier.
Récifs coralliens
Comment se nourrit un atoll.
La partie centrale de l'océan Pacifique, qui abrite les grands atolls polynésiens, est considérée comme l'une des régions où la production primaire est la plus pauvre : c'est un véritable désert océanique. L'eau de mer pure et transparente contient très peu de sels nutritifs, nitrates et phosphates, et par voie de conséquence peu de plancton, peu de poissons etc. C'est pourtant là que le voyageur aperçoit, depuis l'avion, ces grands anneaux grouillant de vie que sont les atolls. La biomasse de la faune vivant sur les atolls et autour d'eux est considérable et contraste avec son environnement désertique. Quels mécanismes alimentent cette vie ? C'est un véritable bilan énergétique qu'il faut établir.
L'atoll est-il un filtre ?
La mer se brise tout autour du récif. Elle passe par dessus la crête récifale et pénètre à l'intérieur du lagon par ruissellement en surface et en s'infiltrant dans les cavités, les fissures et les canaux ouverts dans la masse du récif. Toutes ces surfaces sont couvertes de madrépores et d'animaux variés qui, au passage de l'eau, y prélèvent les particules alimentaires contenues.
La plupart de ces animaux sont des carnivores microphages. Ils se nourrissent des particules organiques, vivantes ou mortes, qui sont piégées par les tentacules ou les filets de mucus qu'ils déploient. Ce système de filtration est très rentable : il utilise les courants marins, les vagues et les marées, et ne dépense que très peu d'énergie. Il peut fonctionner quelle que soit la teneur de l'eau en particules, à l'inverse des systèmes utilisés par les filtreurs actifs (éponges, mollusques, etc.) chez qui il existe un seuil en deçà duquel l'animal dépense, pour filtrer l'eau, plus d'énergie qu'il n'en retire.
La couronne du récif fonctionne donc comme un véritable filtre et extrait de l'eau environnante le peu de nourriture qui s'y trouve. Mais compte tenu de la pauvreté des eaux autour de l'atoll, ce mécanisme est loin d'expliquer l'énorme biomasse du récif.
La production primaire par les végétaux
Le récif est à fleur d'eau, c'est-à-dire dans la zone où les algues peuvent vivre en utilisant la lumière solaire et le gaz carbonique, même si leur développement est limité par la pauvreté des eaux en sels nutritifs. La partie supérieure du récif est constituée par un massif d'algues calcifiées encroûtantes qui jouent un rôle prépondérant dans son édification. Ces algues servent peu à la nourriture de la faune du récif. Quant aux grandes algues molles et aux phanérogames, elles sont peu abondantes. Ces types de production primaire contribuent à la vie du récif, mais n'expliquent pas non plus l'origine de la biomasse corallienne.
Il existe pourtant une catégorie d'algues qui n'est pas limitée par le manque de sels nutritifs : ce sont les algues symbiotiques unicellulaires. Elles vivent dans les tissus des madrépores et de beaucoup d'autres invertébrés du récif. Une seule espèce d'algue, souvent nommée zoochlorelle, le Gymnocystis, qui appartient au groupe des dinoflagelées, envahit les tissus des madrépores où l'on peut compter plusieurs millions de ses cellules par centimètre carré. La symbiose algue-madrépore est indispensable à la vie de chacun. Le madrépore fournit à l'algue le gaz carbonique et les déchets azotés de son métabolisme, tandis que l'algue lui donne l'oxygène et les métabolites qui constituent une part prédominante de son alimentation. Des recherches récentes montrent que les produits qui diffusent de l'algue jouent un rôle important dans l'édification du squelette calcaire du madrépore.
D'autres animaux, tel le bénitier, bénéficient du même type de symbiose. Connu comme le plus grand des bivalves, il tire lui aussi l'essentiel de ses besoins énergétiques des algues auxquelles il est associé.
Les madrépores, les bénitiers et d'autres espèces animales deviennent donc de véritables producteurs primaires qui tirent leur énergie de la lumière. Les coraux eux-mêmes servent de nourriture à certains poissons et à des échinodermes comme la grande étoile Acanthaster, destructrice des récifs.
L'auto enrichissement
Il ne faut pas considérer seulement la faune et la flore sédentaire de l'atoll, mais également prendre en compte la masse de poissons qui gravite autour de l'anneau de corail ou qui pénètre dans le lagon central. Ces poissons sont attirés par la concentration de vie, les proies, les abris possibles, etc. Leurs déchets azotés enrichissent en engrais les eaux du lagon et celles bordant l'atoll. Ils activent ainsi la production du phytoplancton.
L' "endo-upwelling"
Il y a quelques années, des chercheurs français ont proposé une nouvelle hypothèse pour expliquer l'apport supplémentaire de sels nutritifs constaté dans les atolls. Ceux-ci apparaissent, en effet, sur le sommet de volcans sous-marins dont la partie interne reste chaude. L'eau de mer alors, en s'infiltrant dans le socle volcanique par une multitude de fractures, s'y réchaufferait et dissoudrait des éléments minéraux. Elle percolerait ensuite à travers le sédiment et le massif de corail pour enrichir les eaux de l'atoll, favorisant la production de phytoplancton et d'algues. Cette hypothèse d'un endo-upwelling est une généralisation du principe des sources hydrothermales sous-marines. Elle est séduisante car elle permet d'expliquer pourquoi l'atoll demeure un milieu extrêmement riche.
Blanchissement des coraux dans l'archipel de Bora Bora
PAPEETE
(AFP) - Un phénomène de blanchissement des coraux, accompagné de la mort de
plusieurs centaines de poissons du lagon, affecte depuis une semaine l'île de
Huahiné (îles Sous-le-Vent), puis a été observé à Tahiti et Moorea et surtout
Bora Bora.
Les
premières analyses effectuées vendredi, à Tahiti, par l'Institut Louis Malardé,
qui dépend de la Direction de la santé publique, indiquent qu'il s'agit là d'un
phénomène naturel dû "à la diminution des échanges entre l'océan et le lagon et,
par voie de conséquence, à une raréfaction de l'oxygène dans l'eau du lagon". Si
les poissons meurent donc par manque d'oxygène, le blanchissement du lagon est
lié à une hausse de la température des eaux du lagon ou à une baisse de leur
salinité.
A Bora
Bora ou à Papara, sur la côte ouest de l'île de Tahiti, c'est la température
excessive des eaux (au moins + 1° par rapport à la normale) qui, expliquent les
spécialistes, provoque "le stress du corail". Celui-ci se débarrasse alors
d'algues microscopiques qui sont pourtant indispensables à sa vie et "il
blanchit ou meurt lentement". En fait, un retour à la normale permet très
souvent au corail stressé de retrouver "sa forme" et ses couleurs.
De son
côté le quotidien "les Nouvelles de Tahiti" affirme que le phénomène du
blanchissement du corail s'est déjà produit à sept reprises au cours des vingt
dernières années en Polynésie. En 1990, lors de l'épisode le plus sévère précise
le quotidien, 51 % des colonies de corail de Moorea avaient blanchi mais seules
dix-sept en étaient mortes.
Pour
l'Institut Louis Malardé, le blanchissement du corail, la prolifération de
micro-algues et les décès de poissons sont des signes "de la mauvaise santé des
lagons polynésiens liée aux activités humaines comme l'agriculture ou
l'utilisation massive d'engrais à base de nitrates et de phosphates".
VIBRIO SHILONII
Autres dénominations : Vibrio AK-1,
Vibrio shiloi (sic).
Systématique
En
juillet 2001, Kushmaro et al. valident la nomenclature de
Vibrio shiloi (sic) pour deux souches bactériennes isolées de
coraux (Oculina patagonica) atteints de la maladie du blanchiment.
Les
caractères phénotypiques de ces souches suggèrent leur appartenance au genre
Vibrio. La séquence de l'ARNr 16S de la souche AK1 (future souche type de
Vibrio shilonii) présente environ 99,4 p. cent d'homologie avec la
séquence de la souche type de Vibrio mediterranei et les
hybridations ADN - ADN (effectuées dans les conditions optimales de
réassociation) révèlent un pourcentage d'homologie de 72 p. cent entre ces deux
souches. Les deux souches isolées de coraux se distinguent toutefois de
Vibrio mediterranei par la composition des acides gras, par leurs
caractères antigéniques, par d'autres caractères phénotypiques et par leur
pouvoir pathogène.
Ces
résultats auraient dû conduire à placer les souches isolées de coraux dans
l'espèce**
Vibrio mediterranei quitte à les placer au sein d'une nouvelle
sous-espèce. Tout en reconnaissant que leur choix est arbitraire, Kushmaro et
al. proposent cependant la création de la nouvelle espèce, Vibrio
shiloi dont la nomenclature a été ultérieurement corrigée en Vibrio
shilonii. Pour argumenter le bien fondé de ce choix, les auteurs soulignent
que les séquences des ARNr 16S de Vibrio cholerae et de Vibrio
mimicus présentent 99,6 p. cent d'homologie. Toutefois, ils oublient de
préciser que les pourcentages d'homologie ADN - ADN entre les souches de ces
deux espèces ne dépassent pas 50 p. cent.
Caractères bactériologiques
Les
souches de Vibrio shilonii, cultivées sur milieux inertes, se
présentent sous la forme de bacilles à Gram négatif, de 2,4 µm de longueur sur
1,6 µm de diamètre, non sporulés, mobiles grâce à un unique flagelle polaire
entouré d'une gaine, sensibles au composé vibriostatique O129 (30 µg par
disque), aéro-anaérobies. L'observation au microscope électronique des bactéries
présentes en position intracellulaire dans les tissus des coraux infectés montre
des cellules plus courtes (2,0 X 1,0 µm) et dépourvues de flagelles.La plupart
des caractères biochimiques ont été étudiés en utilisant des galeries API 20 NE
(suspension bactérienne réalisée dans une solution de NaCl à 3 p. cent) et les
tests d'assimilation ont été réalisés à l'aide de galeries BIOLOG GN.
. Une réponse positive est notée pour les tests
catalase, oxydase, réduction des nitrates en nitrites, production d'indole,
gélatinase, hydrolyse de l'esculine, bêta-galactosidase, lysine décarboxylase,
acidification (sans gaz) du glucose et du saccharose.
. Les deux souches donnent une réponse négative aux
tests uréase, arginine di-hydrolase et ornithine décarboxylase.
. Les tests d'assimilation permettant de différencier
Vibrio shilonii de Vibrio mediterranei sont présentés
dans le
tableau I.
En
bouillon Marine Broth, Vibrio shilonii cultive à 16 ou à 37 °C
mais pas à 42 °C. En bouillon nutritif, la croissance est obtenue pour des
concentrations de NaCl comprises entre 2 et 4 p. cent. En revanche, aucune
culture n'est observée en présence de 1 p. cent ou de 6 p. cent de NaCl.
Après 72 heures d'incubation à 30 °C, les colonies obtenues sur gélose Marine
Agar ont un diamètre de 5 mm, elles sont non luminescentes, de couleur jaune
pâle ou crème et leurs contours sont légèrement dentelés. Sur gélose TCBS, les
colonies sont jaunes et leur diamètre atteint 5 mm après 3 jours d'incubation.
Habitat, pouvoir pathogène, facteurs de pathogénicité
Vibrio shilonii a pour habitat l'eau de mer et, lorsque la
température de l'eau est basse (inférieure ou égale à 16 °C), la bactérie semble
être présente sous une forme viable mais non cultivable. Vibrio
shilonii est responsable du blanchiment des coraux de l'espèce Oculina
patagonica.
Oculina patagonica (embranchement des Cnidaires, classe des
Anthozoaires, Sous-classe des Hexacoralliaires, ordre des Scléractiniaires,
famille des Oculinidés) est un corail originaire du sud-ouest de l'Atlantique et
qui a envahi la Méditerranée, notamment les côtes israéliennes et les côtes
espagnoles. En revanche, cette espèce est rare en Italie et absente des côtes
françaises. Comme de nombreux représentants de l'ordre des Scléractiniaires
coloniaux, Oculina patagonica vit en symbiose avec des algues
unicellulaires et photosynthétiques, présentes dans les cellules du gastroderme
des polypes (endosymbiose) et communément appelées "zooxanthelles". Les coraux
qui hébergent des zooxanthelles sont dits zooxanthéllés. Les zooxanthelles des
coraux hermatypiques appartiennent au genre Symbiodinium, elles jouent
un rôle primordial dans la nutrition et la calcification de leurs hôtes et elles
sont responsables de la couleur brune des coraux.
La perte des zooxanthelles et/ou l'inhibition de la synthèse de pigment par
les zooxanthelles conduisent à une maladie appelée blanchiment des coraux (coral
bleaching) et pouvant provoquer une mortalité compte tenu du rôle important joué
par les zooxanthelles. Depuis les années 1980, le blanchiment des coraux a pris
une extension importante et constitue une menace pour les récifs coralliens,
notamment pour les grands atolls polynésiens. Les causes du blanchiment ne sont
pas connues avec certitude, mais le réchauffement des eaux, l'augmentation du
rayonnement ultraviolet, la pollution et l'eutrophisation de l'eau semblent
importants. L'élévation de la température de l'eau (réchauffement de la planète,
El Niño) serait un facteur primordial et, expérimentalement, l'augmentation de
la température de l'eau peut conduire au blanchiment. Cependant, le
réchauffement de l'eau n'est pas toujours en cause (certains épisodes de
blanchiment se produisent en l'absence de modification de température) et il
n'explique pas le blanchiment hétérogène, en mosaïque, observé sur les colonies
de coraux.
Dès
1996, Kushmaro et al. ont montré que le blanchiment des colonies
de Oculina patagonica, vivant au large des côtes israéliennes,
était lié à la colonisation des coraux par un vibrion dénommé Vibrio AK-1
puis rebaptisé Vibrio shilonii. Les principaux arguments
rapportés par l'équipe israélienne sont les suivants :
. Vibrio shilonii est présent dans la
couche de mucus qui recouvre la surface des coraux atteints de blanchiment alors
qu'il ne peut être isolé de coraux sains.
. Des coraux sains mis en présence de coraux malades,
dans un aquarium dont la température de l'eau est maintenue à 25 °C, présentent
des signes de blanchiment dès le 20ème jour. Ce phénomène n'est pas
observé lorsque les coraux sont placés dans une eau à 17 °C.
. Le dépôt de 10 µl d'une suspension bactérienne (5 X
106 bactéries/mL) sur des coraux sains élevés à 25 °C conduit à des
lésions de blanchiment en 6 à 8 jours.
. L'élevage des coraux dans une eau contaminée par
Vibrio shilonii (5 X 106 bactéries/mL) conduit à des
lésions de blanchiment lorsque la température est de 25 ou de 26 °C. En
revanche, aucune lésion n'est observée si les coraux sont placés dans une eau
contaminée à 16 °C. Chez les coraux présentant des lésions, le nombre de
zooxanthelles est significativement plus bas que chez les coraux sains.
. La présence de 100 mg/L de kanamycine ou de
pénicilline G inhibe le développement des lésions chez des coraux élevés dans
une eau contaminée à 25 °C.
Le
premier stade de l'infection des coraux consiste en une adhésion spécifique de
Vibrio shilonii. Cette adhésion s'effectue sur des récepteurs
tissulaires contenant du bêta-D-galactopyranoside et, expérimentalement, elle
est inhibée par le méthyl-bêta-D-galactopyranoside ou, dans une moindre mesure,
par le D-galactose. La synthèse de l'adhésine par Vibrio shilonii
est un phénomène dépendant de la température qui se produit à 25 °C mais pas à
16 °C. Cette observation permet d'expliquer le rôle crucial de la température de
l'eau dans le développement des lésions de blanchiment.
Dans un deuxième temps, Vibrio shilonii pénètre dans les
cellules et, en 24 heures, environ 71 p. cent des bactéries sont en position
intracellulaire. Dans les cellules, Vibrio shilonii se multiplie
sous la forme de bactéries viables mais non cultivables et, en 72 heures, le
nombre de bactéries est multiplié par six. L'état viable mais non cultivable de
Vibrio shilonii en position intracellulaire explique qu'il soit
difficile d'isoler la bactérie des lésions.
Dans les cellules infectées, Vibrio shilonii produit des toxines
qui inhibent la photosynthèse des zooxanthelles et les lysent. Parmi ces
toxines, un peptide thermostable de 12 acides aminés (dont six résidus de
proline, d'où son nom de toxine P) a été isolé et synthétisé. In vitro,
la toxine P se fixe sur les zooxanthelles et semble faciliter la pénétration
d'ammoniac dans les algues ce qui bloque la photosynthèse.
Si le
blanchiment de Oculina patagonica vivant en Méditerranée est lié
à une infection par Vibrio shilonii, il ne faut pas en déduire que
cette bactérie est à l'origine de tous les cas de blanchiment observés dans le
monde. D'autres espèces bactériennes ou l'intervention exclusive de facteurs
physiques peuvent expliquer le blanchiment d'autres espèces de coraux dans
d'autres localisations géographiques.
Sensibilité aux antibiotiques :
Selon
Kushmaro et al. Vibrio shilonii est sensible à la
pénicilline G, à l'ampicilline, à l'érythromycine, à la tétracycline, à l'oxytétracycline,
à la streptomycine et à la kanamycine.
Texte du site
notre-planet.info de fevrier 2009.
L’ICRI (Initiative Internationale pour
les récifs coralliens) et l’IFRECOR (l’Initiative française pour les récifs
coralliens) viennent d’éditer le bilan 2008 de l’état des récifs coralliens
mondiaux : the «Status of Coral Reefs Of The World : 2008». Ce bilan rassemble
les opinions de 372 chercheurs et gestionnaires de 96 nationalités, spécialisés
dans l’étude et la gestion des récifs coralliens.
Pour Jean-Louis BORLOO, ex-ministre d’État,ex- ministre de l’Écologie, de
l’Énergie, du Développement durable et de l’Aménagement du Territoire, et
Chantal JOUANNO, ex-secrétaire d’État chargée de l’Écologie, «les récifs
coralliens sont un enjeu majeur de l’action de conservation de la biodiversité.
Ils représentent en effet 95 % de la biodiversité côtière nationale et
constituent une richesse naturelle inégalée en Europe. Il est de notre devoir de
les préserver et il y a urgence à le faire. C’est pourquoi le Grenelle
Environnement s’est engagé à renforcer son soutien à l’IFRECOR.
L’implication de la France dans les négociations menées à partir du 18 février à
Nairobi pour la création d’un mécanisme d’expertise scientifique sur la
biodiversité à l’instar du GIEC sur le climat montre notre volonté d’agir pour
préserver notre patrimoine naturel».
Selon le bilan 2008 de l’état des récifs coralliens,
54 % des récifs mondiaux sont menacés et parmi eux 15 % risquent de disparaître
dans les 10 à 20 prochaines années (surtout en Asie du Sud est, et dans les
Caraïbes), et 20 % de plus sont menacés de disparition d’ici 20 à 40 ans.
Les principales causes de cette évolution sont les pratiques de remblaiement,
la pêche, la pollution générale littorale et la
pression démographique croissante.
Depuis la seconde guerre mondiale, le monde a ainsi perdu 19 % de ses
récifs coralliens notamment dans les zones littorales très urbanisées.
Depuis 2004, date du dernier bilan, des progrès ont néanmoins été enregistrés :
-
Les récifs coralliens de la Nouvelle-Calédonie ont été
classés au Patrimoine Mondial de l’Humanité. Il s’agit du premier
espace de l’Outre-Mer français inscrit au patrimoine mondial. Pour la France, il
s’agit là d’une reconnaissance mondiale de l’originalité et de l’importance de
ces récifs qui représentent 16 000 km2 de l’écosystème corallien protégé sur les
40 000 km2 existant en Outre-mer français :
Le Comité du patrimoine mondial, réuni pour sa
32ème session, a terminé l'inscription de nouveaux sites
sur la Liste du patrimoine mondial de l'Organisation des
Nations unies pour l'éducation, la science et la culture
(UNESCO) le 8 juillet. Au total, 19 sites culturels
sites et 8 sites naturels ont été ajoutés à la Liste
dont les lagons de Nouvelle-Calédonie pour leur
diversité récifale et les écosystèmes associés. Il
s'agit du premier espace de l'Outre-Mer français inscrit
au patrimoine mondial.
L'inscription sur la Liste du patrimoine mondial d'une
grande partie d'une grande partie du récif corallien de
Nouvelle-Calédonie a été saluée par Jean-Louis BORLOO,
ministre d'État, ministre de l'Écologie, de l'Énergie,
du Développement durable et de l'Aménagement du
Territoire (MEEDDAT) : " en cette année internationale
des océans, un nouveau pas a été franchi vers l'objectif
fixé, dans le cadre du projet de loi Grenelle
Environnement, de placer 2 % du territoire sous
protection forte d'ici 10 ans ".
Les lagons de
Nouvelle-Calédonie
Entourée d'une barrière de corail de 1 600 km de
long, la Nouvelle-Calédonie est le pays du plus grand
lagon du monde. À certains endroits de la côte, la
barrière de corail se situe seulement à quelques
kilomètres des terres, à d'autres il faut parcourir 65
km pour la rejoindre. Sa flore et sa faune sont uniques
au monde et il abrite entre quinze et vingt mille
espèces marines telles que les baleines à bosse, les
dugongs et les tortues marines.
Selon la liste du Patrimoine Mondial de l'UNESCO,
les lagons de Nouvelle-Calédonie
constituent "six groupes marins représentant la
diversité principale des récifs coralliens et des
écosystèmes associés de l'archipel français de
Nouvelle-Calédonie, dans le Pacifique, un des trois
systèmes récifaux les plus étendus du monde.
On y trouve une diversité exceptionnelle d'espèces de
coraux et de poissons et un continuum d'habitats allant
des mangroves aux herbiers marins avec la concentration
de structures récifales la plus diversifiée de la
planète. Les lagons et récifs coralliens de
Nouvelle-Calédonie abritent des écosystèmes intacts avec
des populations nombreuses et diversifiées de grands
prédateurs et de grands poissons. Ils offrent un habitat
pour nombre de poissons, tortues et mammifères marins en
danger dont la troisième plus large population de
dugongs du monde. Ces sites sont d'une beauté
exceptionnelle et contiennent des récifs d'âge varié,
allant de structures vivantes à d'anciens récifs
fossiles, qui offrent une source importante
d'information sur l'histoire de l'Océanie."
Le lagon néo-calédonien constitue la deuxième plus
grande barrière corallienne continue du monde après
celle de l'Australie. La zone reconnue par l'UNESCO se
répartit en six sites totalisant quelques 15 000 km²,
sur les 23 000 km² que constitue la zone totale. Les six
sites comprennent notamment :
- dans le Sud, le Grand Lagon Sud et la zone côtière
Ouest,
- dans le Nord, la zone côtière Nord et Est et le Grand
Lagon Nord,
- aux îles Loyauté, les Atolls d'Ouvéa et de
Beautemps-Beaupré,
- et au large, les Atolls d'Entrecasteaux.
Ces six espaces marins représentent la diversité
principale des récifs coralliens et des écosystèmes
associés de l'archipel français de Nouvelle-Calédonie.
Ils seront gérés et suivi sous la coordination de
comités locaux associant tous les acteurs.
33ème site français inscrit sur la liste du Patrimoine
mondial de l'UNESCO, le récif corallien de
Nouvelle-Calédonie est le deuxième à être uniquement
naturel, après le Golfe de Porto en Corse.
Une opportunité pour un développement durable de la
région
Cette reconnaissance internationale est une
formidable opportunité pour la Nouvelle-Calédonie qui
intègre le club très convoité des 167 pays possédant des
« biens naturels » reconnus à travers le monde pour leur
« caractère exceptionnel, universel et inestimable »,
parmi lesquels, le grand canyon du Colorado, les fjords
de Norvège et les îles Galàpagos.
Selon le MEEDDAT, cette inscription devrait favoriser
l'essor d'un tourisme durable et respectueux des sites,
notamment la plongée sous-marine, et une gestion adaptée
des ressources du lagon.
Les autres sites en liste
Le comité d'experts de l'UNESCO, réunit jusqu'au
aujourd'hui jeudi à Québec, a également retenu pour la
France 12 fortifications construites par Vauban, le
célèbre architecte militaire.
Parmi les sites européens inscrits sur la liste,
figurent les lotissements sociaux avant-gardistes de
Berlin et le centre historique de Saint Marin. De
nombreux sites internationaux ont également été ajoutés.
Pour les prochaines années, la France prépare les
propositions d'inscription du Volcan de l'Ile de La
Réunion et des paysages de l'agropastoralisme
méditerranéen des Causses et Cévennes.
- Deux immenses Aires Marines Protégées
(AMP) consacrées aux récifs coralliens ont été établies dans le Pacifique
par les gouvernements des Etats-Unis et de Kiribati :
Le président Bush a déclaré, le 6 janvier, «
monuments nationaux marins » trois zones de l'océan
Pacifique (la fosse des Mariannes, l'atoll Rose et un
archipel isolé) qui couvrent plus de 505 000 km2 et qui
comprennent des volcans sous-marins en activité, des
requins de récif, des palourdes énormes, des centaines
d'espèces de poisson et de corail et une multitude
d'oiseaux de mer et d'oiseaux migrateurs.
Il a pris cette décision en vertu de la loi de 1906 qui
habilite le président des États-Unis à protéger des
zones d'importance historique ou scientifique dans des
territoires appartenant aux États-Unis ou placés sous
leur contrôle.
Le décret présidentiel interdit « la destruction ou
l'extraction de ressources, la décharge d'ordures et la
pêche à des fins commerciales », mais permet les travaux
de recherche, la libre circulation de navires et
d'aéronefs et les activités de loisir.
Il s'agit là de la plus grande superficie qui soit
protégée dans un océan. Elle est de 50 % supérieure à la
superficie de tous les parcs nationaux réunis des
États-Unis. La protection de ces « monuments »
s'applique immédiatement et n'a pas à être approuvée par
le Congrès.
Selon le directeur général du Pew Environment Group, M.
Joshua Reichert, « cette décision d'importance
historique du président Bush protège certains des
habitats océaniques les plus exceptionnels et les plus
importants du monde sur le plan biologique. Avec la
création du "monument marin" d'Hawaï il y a deux ans, la
création de cette zone marque la fin d'une période où
l'homme a compris de mieux en mieux la nécessité de
protéger des endroits sauvages en voie de disparition
sur la terre, sans cependant comprendre la situation
critique de nos océans. »
Pour sa part, le président de l'association Friends of
the Monument aux îles Mariannes, M. Ignacio Cabrera,
s'est déclaré fier que le président Bush ait reconnu
l'importance et la richesse des eaux de ces îles. « Nous
pouvons maintenant partager avec le monde cet endroit
particulier auquel les habitants de nos îles tiennent
tant », a-t-il dit.
La protection d'un océan en parfait état
Le « monument national marin » de la fosse des
Mariannes comprend les écosystèmes des récifs coralliens
situés autour des îles de l'extrême nord de l'archipel
septentrional des îles Mariannes. Cette fosse est la
plus profonde du monde ; sa profondeur est supérieure à
l'altitude du mont Everest. Elle comprend une vingtaine
de volcans sous-marins et de cheminées hydrothermales en
activité.
Le corail au large de l'île Jarvis fait parti des
nouveaux Monuments marins des Îles pacifiques
lointaines.
« Une multitude d'espèces fascinantes vit au milieu des
volcans qui émettent de l'hydrogène et des cheminées
hydrothermales qui éjectent de l'eau bouillante et très
acide », a indiqué M. Bush. Des scientifiques estiment
que la vie sur notre planète a commencé dans des
conditions semblables.
Le « monument national marin » des îles reculées du
Pacifique protégera les écosystèmes des récifs
coralliens situés autour des atolls Kingman Reef,
Palmyra et Johnston ainsi que des îles Howland, Baker,
Jarvis et Wake. Ces zones abritent des centaines
d'espèces de poisson, des tortues en voie d'extinction,
des oiseaux de mer, des oiseaux migrateurs et des
prédateurs tels que des requins qui sont au sommet de la
chaîne alimentaire, a dit un haut responsable des
services de l'environnement de la Maison-Blanche, M. Jim
Connaughton, lors de la conférence de presse qu'il a
donnée le 5 janvier.
Quant au « monument national marin » de l'atoll Rose, il
protégera l'écosystème des récifs coralliens situés
autour d'une zone reculée des îles Samoa américaines.
C'est l'une des plus grandes étendues de coraux vivants
du monde, qui abrite aussi des palourdes géantes, des
requins de récif et de très grands poissons perroquets,
a précisé M. Connaughton.
Écologiste des milieux marins de l'organisme National
Geographic, M. Enric Sala, a déclaré à America.gov à ce
propos : « Ces lieux reculés sont en partie protégés par
leur isolement, mais de nos jours aucun endroit en mer
n'est à l'abri d'activités illégales. Les flottes de
pêche des pays du monde entier opèrent pratiquement
n'importe où dans les océans. »
Si la pêche à des fins commerciales est interdite dans
les zones déclarées « monuments nationaux », les
navires, les sous-marins et les aéronefs continuent
d'avoir le droit d'y circuler. De même, selon la
Maison-Blanche, « les activités, les exercices et les
enquêtes » des forces armées américaines y seront
autorisées.
L'étude scientifique des océans
Avant la décision que le président Bush a prise le 6
janvier, seul 0,08 % des océans du monde étaient
protégés pour ce qui est de la pêche et des forages,
alors que le pourcentage des zones terrestres protégées
(parcs nationaux et réserves naturelles) est de 12 %, a
indiqué M. Sala. Il s'agit là, a-t-il ajouté, du «
premier grand pas vers la protection de grandes étendues
» dans les océans qui seront au moins comparables aux
zones terrestres qui sont protégées.
La protection de ces zones « revêt une immense
importance d'ordre scientifique parce qu'elle permet aux
scientifiques d'étudier les écosystèmes qui sont les
plus proches de ce qu'était le monde, ce qui est
essentiel pour comprendre comment on peut mieux gérer et
peut-être remettre en état le reste des océans dont la
dégradation est si grave », a déclaré à America.gov le
professeur Jeremy Jackson, qui est à la tête du
département de recherche des sciences de la terre à
l'Institut Scripps d'océanographie.
Selon M. Sala, la plupart des études scientifiques ont
porté sur des récifs coralliens endommagés, de sorte que
l'on n'a pas une bonne idée de la vie des récifs
coralliens dans un état normal.
« Si tout ce que vous avez fait se limite à étudier les
voitures accidentées dans un entrepôt de ferrailleur,
vous ne saurez jamais que la fonction originale de la
voiture était de transporter des gens d'un lieu à un
autre, a-t-il dit. Ces zones vierges de l'océan
constituent l'équivalent de l'établissement d'un
concessionnaire où vous pouvez examiner une voiture en
parfait état. En d'autres termes, ces zones représentent
le meilleur manuel d'utilisation pour comprendre les
récifs coralliens et notre incidence sur leurs
écosystèmes. »
Quant au professeur Jackson, il a fait remarquer : « Ce
genre de mesure est à mon avis essentiel pour que l'on
puisse espérer qu'à l'avenir les océans seront en bon
état. »
- Dans l’Océan indien, et en particulier aux Seychelles, aux
Chagos et aux Maldives, l’état des récifs continue de s’améliorer depuis le
blanchissement de 1998.
- En décembre 2007, le président indonésien, a lancé le projet «Initiative pour
le «Triangle de Corail» dans le Sud-Est asiatique. Ce projet est animé et
coordonné par le gouvernement indonésien avec des crédits de la Banque mondiale
et plusieurs pays de la zone (Indonésie, Philippines, Papouasie Nouvelle Guinée,
Australie, Salomon).
- Reef
Check (Réseau de surveillance de l’état de santé des récifs) a
rassemblé 20 700 signatures en faveur de la “Déclaration des Droits des Récifs
Coralliens", lancée en 2008.
- Le Fonds mondial pour l’environnement a accordé 100 millions de dollars au
fonds «Pacific Alliance for Sustainability» afin de rassembler les pays du
Pacifique pour la conservation de leur environnement. Une partie de ce fonds
sera allouée à l'Initiative pour le Triangle de Corail et au Challenge de
Micronésie.
Durant l’année internationale des récifs coralliens qui vient de s’achever, la
mobilisation de la communauté internationale autour des récifs coralliens a été
forte. Les six mois de la présidence française de l’Union européenne ont été
marqués par des avancées essentielles qui permettent de relever le défi du
changement climatique. En France, un nouveau pas a été franchi vers l’objectif
fixé, dans le cadre du Grenelle Environnement, de placer 2 % du territoire sous
protection forte d’ici 10 ans.
On verra si les politiques tiennent leur promesse, nouvel état
des lieux dans quelques années...
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